Abbé Henri Ménardais (1883-1965)

Un héro, "Juste parmi les Nations" qui sauva 200 Juifs

C’était un sacré gaillard, l’abbé ! Une force de la nature. Né en 1883 à Venèffles, près de Châteaugiron, son premier cri fut breton mais le garçon est vite devenu un gars du pays manchois quand sa famille vint s’installer à Genêts, dans la ferme du Petit enfer. Un clin d’oeil de la vie, certainement, à celui qui devait plus tard enfiler la soutane. L’histoire du père Henri Ménardais marque la mémoire de ce village de la baie du Mont Saint-Michel. Depuis le 30 octobre 1965, il repose dans le petit cimetière, à l’ombre de l’Archange et de la Merveille où, jeune curé frais émoulu du séminaire, il célébra en 1909 sa première messe.

Son nom restera aussi à jamais gravé sur la terre d’Israël, au Mémorial Yad Vashem à Jérusalem : l’abbé Henri Ménardais est Juste parmi les Nations. Cette distinction lui fut décernée à titre posthume, le 27 mai 1997. « Les Juifs utilisent le terme de Juste. Nous autres chrétiens pourrions parler de sainteté ». Qu’à donc fait ce prêtre pour être ainsi honoré ? « Pendant la guerre, entre 1940 et 1944, il a sauvé des hommes, des femmes et des enfants des camps de la mort. Il falsifiait les registres de baptêmes pour faire passer des gens de confession juive pour chrétiens. » Au moins deux-cent personnes lui ont dû la vie.

Résistance dès 1939

A l’époque, l’abbé était curé de Chalmaison, dans le diocèse de Meaux. Il y a exercé son ministère de 1932 à 1954. C’était un homme à part qui se moquait bien des bonnes convenances. Curé de paroisse mais fasciné par le monde du spectacle, il était même devenu l’aumônier de l’opéra Garnier, à Paris. « Lorsqu’on demandait à Henri Ménardais s’il connaissait Zizi Jeanmaire, il répondait invariablement ? Non, je ne connais que Renée ». L’abbé Ménardais emmenait d’ailleurs ses protégées en colonie de vacances dans la maison familiale du sud Manche. Son action de résistance face à l’occupant nazi, il l’avait commencé dès 1939 en hébergeant des familles de réfugiés républicains espagnols. Plus tard, il sauvera des parachutistes américains et anglais en les faisant passer pour des jardiniers, au nez et à la barbe d’un soldat allemand. « Quand il s’agissait de trouver des vivres, il n’hésitait pas à prendre le train à Paris pour descendre en gare de Montviron. Il allait s’approvisionner dans les fermes locales et repartait en suspendant le tout sous la cape de sa soutane ! ».

A la fin de la guerre, l’homme d’église n’hésitera pas non plus à sauver des soldats allemands en les faisant se rendre. Décoré de la Croix de guerre de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, récipiendaire de la médaille de la Résistance, l’abbé Henri Ménardais avait été décoré de la médaille américaine de la Liberté. Son élévation posthume à la qualité de Juste parmi les Nations a couronné le cheminement d’une vie entièrement guidée par une foi au service de son prochain.

En 2008, la municipalité de Chalmaison, à la faveur d’une restauration de l’église, sous le mandat de Michel Foret, maire de la commune, pour pérenniser le souvenir de cet homme exceptionnel, a fait réaliser et installer des vitraux à la mémoire de l’abbé, qui fut 18 ans curé du village.
Ces vitraux évoquent les actions de résistance et la générosité de celui qui a reçu la distinction de “Juste parmi les Nations”. Son nom est maintenant inscrit à jamais dans les vitraux de ces lieux qui furent sa maison. La phrase du Talmud “qui sauve une vie, sauve l’Humanité” écrite en français et en hébreu rappelle également toute la valeur de ses actes. L’église de Chalmaison, du 13e siècle, est inscrite au patrimoine des monuments historiques.

Histoire

Henri Ménardais, Juste ou Saint (Partie 1)

  • 22 Mars 2023
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Abbé Henri Ménardais, Juste ou Saint ? (Partie 1)

Histoire

Henri Ménardais, Juste ou Saint (Partie 2)

  • 22 Mars 2023
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Abbé Henri Ménardais, Juste ou Saint ? (Partie 2)